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Princesse des Neiges
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2 avril 2010

Pâques.

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Ma mère est orthodoxe et mon père est catholique. Tout en restant non baptisée jusqu'à l'âge de 16 ans, j'avais droit à deux fêtes de Pâques. Dans l'ambiance anti-religion, malgré la fermeture des églises et l'interdiction de fêter toutes les dates religieuses, nous le faisions quand-même. En cachette.

Moi, en ayant aucune notion du cathéchisme, j'adorais cette fête par sa luminosité (les premiers jours de printemps s'installent doucement en Lettonie), par sa sérénité, par le sentiment d'être unie avec tous les gens que j'aimais.

Ma maman faisait ses fameux petits pains au pavot. Mes baboushkas préparaient du Paskha (un gâteau traditionnel, un sorte de dôme au fromage blanc), des kulichs (un gâteau parfumé, avec des fruits confits, des raisins, ou simplement nature). Je colorais des oeufs avec ma tante. Pelure d'oignon rouge, des fleurs et des plantes pour la décoration. Pas d'oeufs au chocolat, non, cela n'existait pas. Et, de toute façon, vu que le chocolat russe ressemblait plutôt à une pâte à modeler mise au frigo la veille, je ne pense pas que les enfants l'adoreraient. Par contre, les enfants cherchaient des premiers fleurs, faisaient des bouquets et décoraient la maison avec. 

On servait la table: nappe blanche, de belles assiettes, un vase avec des jacinthes ou tulipes et une bougie allumée. Lorsque les invités entraient dans la maison, l'on se disait "Christos voskres" ("le Christ est ressuscité"). Je ne comprenais rien du tout de ces mots mais je les répétais avec plaisir car ils me paressaient étrangement mystérieux.

Pour le déjeuner la table était splendide: rôti d'agneau, tous sortes de jambon, des saucissons fait maison, champignons salés, légumes marinés. L'on oubliait (ou presque) les étagères vides des magasins (un seul sorte de saucisson mélangé avec du papier(vous avez bien compris... du papier!), et des boîtes de conserves avec quelque chose qui rappellait vaguement le goût du poisson) ainsi que de longues files d'attente pour les produits un peu plus mangeables.

L'après-midi on allait à la cimetière, on se rappelait de ceux qui étaient partis. Nous étions tous ensemble à nouveau. La journée, belle, sereine, avec une petite pointe de nostalgie, prenait fin. Une très belle journée qui reste à jamais gravée dans mes souvenirs d'enfance...

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Commentaires
C
J'aime énormément ce texte qui évoque tout à fait le sentiment intérieur qui m'habite au sujet de "Christos voskres". A 500 mètres de chez moi, il y a un monastère orthodoxe, j'ai eu l'occasion d'aller y goûter quelques gourmandises à Pâques. Tu as été baptisée finalement?
P
tu es une princesse, fille et petite-fille de fées des contes de ces pays de l'est, si mystérieux et étranges à cause de la profondeur humaine qui existe et remplace ce qui n'y existe pas...raconte encore...
N
on s'y croirait!<br /> c'est vrai que les ceremonies orthodoxes sont tout de memes plus chaleureuses et colorees que les versions de l'ouest...
P
tes mots défilent sous les yeux, je mange tes écrits, tout est si fluide, si tendre. Dès les premieres lignes je me retrouve à tes cotés, je ressens les odeurs, les joies, les larmes. c'est à chaque fois très émouvant. Merci de vous faire partager tes souvenirs, de nous faire découvrir un peu plus tes racines. Merci. Belles paques
S
Quelle merveille ce récit, tu m'as complètement transportée. Merci pour ce si joli voyage.
Princesse des Neiges
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